CORSAIR : PROVOCATEUR DE PASSION

S’il y a bien un avion qui a fait émerger ma passion c’est le Corsair, et notamment grâce à une série célèbre des années 70 « les têtes brulées », relatant l’histoire d’une escadrille dans le pacifique avec deux héros : le Major Gregory Boyington et son cheval de bataille, le Corsair.
Cette bête de somme est issue d’un projet controversé, qui mis du temps à être développé et surtout à répondre à la demande initiale: décoller d’un porte avion.


En 1938, la Navy voulait un chasseur solide et performant pour ces portes avions; quatre constructeurs, dont Vought-Sikorsky, se sont mis en ordre de bataille pour sortir un chasseur embarqué répondant aux critères de la Navy. Rex Beisel, ingénieur aéronautique de Vought Sikorsky, pris en compte les demandes de la Navy et défini les caractéristiques de ce qui deviendra le Corsair. Il voulait un chasseur petit et costaud. Pour tenir sur les surfaces réduites d’un porte avion, il fallait un avion avec des ailes « pliables », un train d’atterrissage conséquent pour supporter les appontages et la structure de l’avion devait être suffisamment grande pour supporter le moteur à 18 cylindre en double étoile Pratt & Whitney de 2000 ch que l’ingénieur avait choisi. Pour optimiser ce moteur , il a été prévu de mettre une hélice tripale de 4.06m de diamètre. De ces caractéristiques, sorti le chasseur avec ces formes bien identifiable, trapu avec des ailes en W.

Le projet V166b de Vought Sikorsky fut retenu, et la Navy demanda la construction d’un prototype , le XF4U-1. Débute alors des essais en soufflerie pour finaliser la forme de l’avion, des soudures par point sont utilisés pour renforcer la cellule de l’avion. L’avion est armé de deux mitrailleuses dans chaque ailes ( une de 7.62 mm et l’autre de 12.7mm ). Le premier vol a lieu fin mai 1940 . Pendant les premiers vols, l’avion montre ces faiblesses mais aussi d’indéniable qualité ,dont sa robustesse qui sauva le pilote d’essai lors d’un crash pendant le 5ème vol. Début octobre 1940, après sa remise en état , le prototype atteint la vitesse de 650 km/h, c’est juste un record de vitesse car aucun autre chasseur américain de l’époque n’atteint cette vitesse. La Marine décide de faire tester le XF4U-1 par ces pilotes et ce jusqu’en février 1941. Fin juin 1941 , la Navy commande 548 F4U-1 et le baptise Corsair. Par contre, la Navy a de nouvelles exigences qui feront apporter quelques modifications conséquentes sur la cellule de l’avion: intégration de plus de mitrailleuses dans la voilure , ce qui fait que les réservoirs initialement prévus dans les bords d’attaques sont remplacés par un réservoir unique et placé dans le fuselage. Modifiant ainsi le centrage de l’avion; en effet le réservoir prend la place du poste de pilotage et ce dernier est reculé d’environs un mètre , ce qui rend compliqué la visibilité du pilote vers l’avant.
En septembre 1942, des essais d’appontages sont effectués sur le porte avions USS Sangamon. Ces défauts de visibilités à l’appontage et une tendance à rebondir lors du contact avec le pont d’envol oblige la Navy à prendre la décision de n’utiliser le Corsair qu’à partir de base terrestre. Ceci malgré quelques modifications apportées par Vought pour améliorer les appontages ( réhausse du poste de pilotage , retardateur de décrochage, modification roulette et train d’atterrissage ).

Vu son interdiction d’appontage, après avoir équipé la VF12, ce sont finalement les marines qui seront équipé de cet avion ( dont la fameuse VMF 214 commandées par le Major Gregory Boyington ). Face aux commandes croissantes de F4U-1, Vought travaillera avec des sous traitants pour construire des Corsair, ainsi Brewster en construit sous la dénomination F3A-1 et Good Year sous la dénomination FG-1.


Le Corsair eu différents développements tout au long du conflit et après guerre:
-Le F4U-1C avec 4 canons de 20 mm à la place des mitrailleuses, seulement 200 exemplaires construit suite à des soucis de maintenance des canons.


-Le F4U-1D: emport supplémentaires possibles comme réservoirs pendulaires, roquettes et bombe de 450 kg . le moteur est un Pratt et Witney R2800-8W à injection de 2250 ch. Vought et Sikorsky se séparant , cette version est construite par Chance Vought Aircraft Inc ainsi que par Brewster (F3A-1d ) et Goodyear ( FG-1d). Une dernière modification de la course des amortisseurs du train d’atterrissage en 1944 permis de supprimer ces rebonds si dangereux et de qualifier le Corsair sur porte avion.

Plusieurs F4U-1 sont encore en état de vol, surtout aux Etats Unis, on peut en voir un aussi en Angleterre qui traverse la manche de temps en temps pour notre plus grand plaisir.


-Le F4U-2: version de nuit équipé de radar ( radome monté à l’extrémité de l’aile )

-Le F4U-3: version abandonné après des essais pour améliorer les performance du moteur en altitude.

-Le F4U-4. Autour du moteur R2800-18W de 2450 ch avec hélice quadripale, avec quelques modifications sur la verrière ou sur les emports de charges . Capot moteur différents avec une prise d’air en bas du capot, différentes versions comme le F4U-4b avec des canons, le F4U-4N pour la chasse de nuit et le F4U-4P pour la reconnaissance photographique.

La collection autrichienne ,sponsorisée par une célèbre marque de boisson tonifiante, possède un F4U-4


-Le F2G: demande à Goodyear d’un développement d’un Corsair plus rapide à basse altitude pour intercepter les Kamikaze , il sera équipé d’un moteur R4360-4 de 3000ch ( 28 cylindre en étoiles ), verrière en goutte d’eau pour améliorer la vison , une alimentation en air sur le dessus du capot moteur ; la silhouette du fuselage du Corsair change beaucoup. Ne satisfaisant pas aux demandes premières , cette version fut abandonnée et mis de côté. Des années plus tard les quelques exemplaires construits ont fait le bonheur de pilote lors de courses d’avions .


-Le F4U-5 et AU-1: Versions qui arrive en 1945 après la seconde guerre mondiale, seront équipés d’un Pratt & Whitney de R2800-32W de 2300ch et armés de quatre canon de 20mm, d’une nouvelle verrière , d’ailes renforcées. Il y aura aussi des versions dérivées N et P pour la chasse de nuit et la reconnaissance photographique. Un autre version du F4U5 appelé AU-1 servira d’avion appui basse altitude , il aura un blindage renforcé et des supports de roquettes supplémentaires.

L’association « Casques de cuir » en France ont travaillé des années pour remettre en l’air un magnifique F4U-5 Corsair

En Allemagne , il y a aussi un Corsair F4U-5, qui se déplace peu hors de son pays .


-Le F4U-7: Ultime version développé spécifiquement pour la France en 1952. C’est un mélange entre la version AU-1 et le F4U-4 avec un moteur R-2800-18W de 2100 ch.

Un Corsair F4U-5 a été modifié en F4U-7 , aux couleurs de la 14 F, et évolua en France pendant quelques années avant d’être racheté par un collectionneur allemand pour le remettre au standard F4U-5.

Il y eu plus de 12500 Corsair construit et sa carrière opérationnelle durera près de 40 ans . Principalement utilisé par les Etats Unis pendant la seconde guerre mondiale, il fut aussi vendu à l’Angleterre pour le Fleet Air Arm et à la Nouvelle Zélande pour la Royal New Zelande Air Force. Le reste des pays ayant utilisé le Corsair l’ont fait après guerre comme l’Argentine, le Honduras et la France.

Aujourd’hui, il reste encore de nombreux Corsair , conservés dans des musées mais aussi maintenus en état de vol et on peut remercier ces collectionneurs, mécanos et pilotes qui maintiennent la vie de cette légende. La majorité étant bien sûr visible aux Etat Unis ( 25 volants et quelques projets de reconstruction en cours ), on a la chance en Europe et notamment en France, de pouvoir admirer quelques exemplaires en vol. Parfois les organisateurs de meeting européens arrive à rassembler deux voire trois Corsair, pour les faire évoluer ensemble et là c’est juste énorme et vibrant !

D’autres projets de reconstructions sont en cours et on espère un jour en admirer un nouveau en France. Si vous voulez en voir un et vibrez au son de ce merveilleux avion, je vous propose d’aller, entre autre, à la Ferté Alais le week end du 4 et 5 juin 2022 puisque le Corsair de l’association des casques de cuir est à l’affiche.